Lors de notre participation au dernier salon « fous d’histoire » de Compiègne (novembre 2023), nous avons eu l’occasion d’acquérir la reconstitution exacte d’une petite ciste romaine retrouvée à Pompéi.
L’original est l’objet inv. 7308 découvert le 1er mai 1941 lors de fouilles dans la maison 14 de l’insula I 8. Cette pièce, qui a miraculeusement survécu à l’enfer qui s’est déchainé sur la ville durant l’été ou l’automne 79, est exposée à l’Antiquarium de Boscoreale.
La pièce originale (crédit photo Magali Cullin-Mignaud)
Une vannerie d’exception
Il est question ici d’une vannerie extrêmement fine et minutieuse. En effet l’original fait 3 cm de hauteur pour un diamètre de 4 cm. Le diamètre moyen des brins qui la composent est d’1mm (voir cet article : § 86 à 91).
La vannière (Caroline Detchenique) qui a exécuté cette reproduction a respecté les mêmes mesures. C’est un travail d’une finesse et d’une précision impressionnante. Un travail comparable avait été antérieurement exécuté par le vannier Guy Barbier (qui nous a quitté en 2014).
Réaliser un telle pièce dénote une grande habilité chez les artisans, tant l’auteur de l’original que ceux des reproductions modernes.
A droite couvercle et paroi de l’original (photo M. Cullin-Mignaud ; à gauche la reproduction (photo C. Detchenique)
La ciste : un objet polyvalent
Les cistes sont des objets assez courants de la vie romaine antique. On les connait en tant par les pièces archéologiques retrouvées que par leurs représentations (mosaiques, peintures, sculptures). Tant à la ville qu’à la campagne, ces objets de forme cylindrique munis d’un couvercle, ont un usage domestique identifié de coffre ou de coffret. D’autres usages plus spécialisés (urne électorale ou corbeille mystique pour les célébrations religieuses) sont aussi connus, mais ils ne cadrent pas avec la petite ciste reconstituée.
Les matériaux de construction rencontrés pour fabriquer ces objets dans le monde romain sont le plus fréquemment la vannerie ou le métal.
Les premières cistes connues sont métalliques et remontent à l’époque étrusque. On peut noter d’ailleurs qu’à Pompéi on a également retrouvé des cistes en plomb.
Un objet qui suggère un contenu précieux
La taille des cistes est très variable. Dans le cas qui nous intéresse, l’étude publiée par Magali Cullin-Mingaud (voir références) souligne que la fabrication d’une telle vannerie n’est pas à la portée d’un débutant et demande de nombreuses heures de travail. C’est donc un objet rare et précieux en soi, même à cette époque.
L’auteur suggère de fait que cette ciste pourrait avoir été conçue pour contenir un objet précieux ou un bijou extrêmement coûteux. Dans le domaine médical, il n’est pas impossible qu’un tel objet ait pu contenir des substances de prix tels que des encens (au sens moderne du terme).
Notons que nous avons déjà dans notre collection une autre ciste, métallique cette fois, reconstitution d’un objet trouvé à Londres en 2003 et contenant un mélange cosmétique.
Pièce de fouille originale (voir cet article)
Nous sommes très fiers d’avoir la reproduction de la ciste de Pompéi en notre possession et nous ne manquerons pas de la montrer à un public qui sera, nous le savons par avance, impressionné.
La ciste sur notre stand à Compiègne
Tous nos remerciements à Caroline Detchenique qui a reconstitué cette ciste.
Nous profitons de ce blog pour remercier également tous les artisans qui, à travers leur travail et leur engagement quotidien, nous permettent de présenter un matériel de qualité et réellement sourcé lors de nos animations.
Références
M. Cullin-Mignaud « La vannerie dans l’Antiquité Romaine – Les ateliers de vanniers et les vanneries de Pompéi, Herculanum et Oplontis » (2010), Publications du Centre Jean Bérard, Naples – disponible sur https://books.openedition.org/pcjb/687 (consulté le 18/02/2024)
N. Monteix, E. Rosso et al. « Recherches sur l’artisanat antique à Pompéi » (2008), Mélanges de l’école française de Rome, 120-1, p. 232-247 – disponible sur https://www.persee.fr/doc/mefr_0223-5102_2008_num_120_1_10435 (consulté le 18/02/2024)