Après une très longue halte due à nos projets d’études notamment à l’Ecole des Chartes, nous reprenons le blog là où il s’est arrêté en février 2018. L’année 2018 a été l’occasion de réaliser plusieurs animations sur l’histoire de la médecine dans des lieux prestigieux et emblématiques. Nous allons le publier en deux fois : le médiéval d’abord et 14-18 ensuite. Et pour traiter de la médecine médiévale, où pouvions nous mieux traiter le sujet que dans un Hôtel Dieu ?
Le musée des Hospices civils de Beaune
Le lieu
Nicolas Rolin (1376-1462), alors chancelier du troisième duc Valois de Bourgogne Philippe le bon (1396-1467 – Duc en 1419), fonde l’Hotel Dieu de Beaune en 1443 avec son épouse Guigone de Salins (1403-1470). Il s’agit alors de fournir un lieu d’accueil pour les indigents et les malades d’une population éprouvée au sortir de la guerre de 100 ans.
Ensemble architectural remarquable et bien conservé, les praticiens de la médecine médiévale qui l’ont d’abord occupé ont suscité des vocations puisqu’il est resté un lieu de soin actif jusqu’en 1971.
Cour d’honneur de l’Hôtel-Dieu
Le musée présente des collections très étendues dans un ensemble de salles très intéressantes parmi lesquelles la « grande salle des pôvres » et sa chapelle attenante.
La salle Sainte Anne, quant à elle, laisse voir le système d’évacuation vers la rivière (la Bouzaise) dont était doté l’établissement dès sa fondation.
On appréciera également l’apothicairerie du XVIIIème avec une collection de vaisseaux, un rare mortier à arc et le portrait de l’apothicaire Claude Morelot.
Le portrait de C. Morelot réalisé en 1751 par M. C. Coquelet-Souville
Le Musée des hospices civils de Beaune fait partie du réseau des Hôtels Dieu et apothicaireries.
Nous avons eu le plaisir et le privilège de pouvoir nous installer dans la grande salle des pôvres sur la durée du week end des 27 et 28 Octobre. Nous avons pu faire découvrir au public venu visiter l’Hotel Dieu les métiers de la santé à la fin du Moyen Age.
Quelques photos de nos animations
Pouvoir installer notre matériel et évoquer l’histoire de la médecine médiévale dans ce lieu emblématique a été une expérience naturellement chargée d’émotion. S’imaginer les soignants prodiguant les soins suivant des préceptes que nous ont transmis les écrits survivants et pouvoir le faire partager au public était réellement fantastique. Les visiteurs ont été tout à la fois intéressés par l’histoire de la médecine que de la chirurgie ou de l’apothicairerie au Moyen Age.
Nos tables devant les lits de la grande salle des pôvres
Interaction avec les visiteurs
Le public a été très réceptif à nos démonstrations, tant dans le domaine de la médecine médiévale que dans celui de la chirurgie ou de l’apothicairerie du Moyen Age. Notre intervention a suscité de nombreuses questions sur des aspects très variés de ces disciplines.
Table de médecine & chirurgie médiévale
La table de Dame Clotilde présentait les instruments de chirurgie médiévale dont l’utilisation a été illustrée en s’aidant des facsimile d’ouvrages d’époque. Bien entendu, les préceptes et dogmes sous jacents en médecine médiévale ont été également abordés.
Table d’apothicairerie & hygiène médiévale
Maitre Michel a présenté quelques aspects de la profession d’apothicaire au Moyen Age. Il a également présenté des ingrédients utilisés dans les préparations de remèdes, qu’il s’agisse des simples médecines ou des compositions plus complexes tels que la thériaque.
Les différents équipements utilisés ont également été à l’honneur.
Notre apothicaire médiéval ayant du bien, il a pu également acquérir des ouvrages tels que des herbiers qu’il a pu présenter aux visiteurs, expliquant les nombreuses propriétés médicinales des plantes.
Uroscopie suivant Gilles de Corbeil (v.1140-v.1224)
Dame Clotilde a pu faire une démonstration de l’uroscopie comme elle se pratiquait à la fin du Moyen Age. Rappelons que l’examen des urines (visuel, odeur et… goût) est, avec la prise du pouls, la base de l’établissement d’un diagnostic selon la médecine médiévale. Elle permet de détecter si un déséquillibre existe dans les humeurs et d’identifier l’humeur responsable. Elle utilise la matula, un urinal en verre permettant de « mirer » les urines (d’où le nom de mire donné au médecin médiéval).
Miresse et apothicaire (cliché Gilles Brébant)
Maître apothicaire et ses divers albarelles, chevrettes, pots à sirop…
Contrairement aux idées reçues, l’apothicairerie médiévale est loin d’être dépourvue d’efficacité. Maitre Michel a présenté, outre ses « vaisseaux » d’apothicairerie, quelques préparations réalisées suivant les recettes de l’époque : des simples médecines ou des assemblages complexes.
Remerciements
Nous adressons un grand merci à toute l’équipe du musée pour son accueil et à Gilles Brébant (le Bien Public) pour ses photos.